Le Sang, l’amour et les clowns, théâtre de chansons ou récital de théâtre, présenté dans la grande salle du Canadian Corps en 2000, évoque les vingt premières années de vie sur scène de la troupe de théâtre les Zybrides. Alors qu’elles n’avaient pas produit depuis quelques années, Les Zybrides reviennent sur les planches en formule duo et avec comme objectif de présenter au public un spectacle simple et touchant, interprété avec finesse et fait de chansons et d’extraits de théâtre. La création, interprétée par Alice Pomerleau et Lise Pichette, reprend les thèmes majeurs qui ont inspiré les artistes de la troupe depuis leur fondation : le sang, l’amour et les clowns…

Patchwork de pièces

Le spectacle Le Sang, l’amour et les clowns est constitué d’extraits de pièces de théâtre que les Zybrides avaient déjà présentés dans le passé. On y retrouve les moments phares de créations collectives comme “La marche dans le temps” de la pièce Les Zombres de la Zone Z ou encore l’amusante chanson “Oh! Oh! Jerry” extraite de la comédie musicale Dernier Cri. Jeanne-Mance Delisle, auteure que Les Zybrides et le Théâtre de Coppe avant elles ont eu à cœur de mettre en scène, n’est pas absente de cette pièce hommage. Le monologue de Laurette dans Yé midi Pierrette, “Quel désastre d’être en amour !” extrait d’Un oiseau vivant dans la gueule ! ou encore “Pas de beurre sur le pain” dans Singapour Sling font partie du programme de la pièce.

Davantage un patchwork d’extraits de pièces qu’une création avec un fil conducteur qui se tient du début à la fin, on a parfois reproché à la pièce Le Sang, l’amour et les clowns son manque d’unité dramatique. Il s’agit en effet d’un spectacle qui met en scène les Zybrides elles-mêmes à travers les productions qui ont fait la troupe, en remontant même jusqu’aux “aïeux” que furent le Centre dramatique de Rouyn au début des années 1970 et le Théâtre de Coppe à la fin de la même décennie. Mais, à la décharge de la troupe, l’objectif était clairement annoncé de ne rien créer de nouveau :

C’est en faisant surgir des moments, de notre théâtre et de nos spectacles à caractère musical que nous offrons au spectateur l’occasion de partager avec nous l’essence de notre parcours artistique.

Les Zybrides

Importance de la musique et décor dépouillé

Unifier cette succession de scènes relevait presque de l’exploit. Pourtant, la musique, interprétée en direct par Pascal Bouchard remplissait bien ce rôle et tissait des liens entre les différents numéros. La mise en scène avait également son rôle à jouer. Ainsi, si les thématiques se succèdent rapidement et si les “genres” sont variés, les costumes restent les mêmes du début à la fin avec de petites variations dans les accessoires : une veste qui tombe, un boa qui s’ajoute…

Lise Pichette et Alice Pomerleau dans Le sang, l’amour et les clowns

Puisque c’est un spectacle où la parole et la voix sont la motivation principale, le choix de ne pas insister sur le décor et les costumes s’explique très bien. Une scène entourée de rideaux noirs, quasi nue, occupée uniquement par des cubes gris foncé de différentes dimensions, voilà à quoi ressemblait le décor de Le sang, l’amour et les clowns. Ces cubes font tout le décor et restent là pendant toute la durée de la pièce. Tantôt cercueil, tantôt maison, tantôt trône, ils constituent une sorte d’ancrage visuel discret mais efficace pour harmoniser ce spectacle changeant.

La fin d’un chapitre

Après plus de 30 années de jeu et de création ensemble, les deux actrices Lise Pichette et Alice Pomerleau ont acquis une longue et riche expérience théâtrale. Cela se voit dans la complicité de leur jeu et si une critique regrette que Le sang, l’amour et les clowns ne soit pas une bonne pièce de théâtre, “comme cela est souvent le cas quand on fait du collage de pièces”, elle reconnaît que c’est un bon spectacle. 

Centré sur le passé de la troupe, il n’est pas certain qu’un spectateur non familier avec l’histoire des Zybrides aurait pu s’y retrouver. Après avoir raconté leur histoire, il était peut-être temps pour les Zybrides d’entamer un nouveau chapitre de leur existence. Un an après la présentation de cette pièce dans la grande salle du Canadian Corps, la troupe fait l’acquisition du bâtiment dans son ensemble. C’est la naissance du Petit Théâtre du Vieux Noranda et le début d’une nouvelle vague de créations !

Équipe de production

Texte : création collective, Les Zybrides

Mise en scène : Lise Pichette et Alice Pomerleau

Conception et direction artistique : Lise Pichette et Alice Pomerleau

Arrangements musicaux et conception sonore : Pascal Bouchard (piano, flûte irlandaise, basson, claviers)

Conception de l’éclairage : Marc Buteau

Conception affiche : Norbert Lemire

Technicien son : Marco Savard

Technicien d’éclairage : Barnabé Pomerleau 

Interprétation

Alice Pomerleau (chanteuse)

Lise Pichette (comédienne)

Pascal Bouchard (musicien)

Première représentation connue : du 27 avril au 7 mai 2000

Lieu : Grande salle du Canadian Corps


Sources

BAnQ Rouyn-Noranda, P265, fonds de la troupe de théâtre “Les Zybrides”

Crédits photo

François Ruph, BAnQ, Rouyn-Noranda, fonds de la troupe de théâtre « Les Zybrides » (P265)