*Ce texte a été écrit par Mario Minguez lors de sa descente du sommet Aconcagua en Argentine.
Je reviens d’un monde qui s’érige à l’imaginaire.
Dès les premiers pas, de rempart en rempart, l’horizon se perd d’exister.
Écrasé par le soleil, le regard demeure tout-de-même bien haut.
Épiant les éléments, recherchant notre sommet ou errant béat.
Je n’ai de cesse de penser à l’insignifiance de notre présence.
Minuscule dans cet océan de montagnes qui éclaboussent notre sentier.
Minuscule dans cet océan de destins qui collent à nos bottes.
Les jours s’étirent en poussière et les nuits ne me servent à rien.
Ce vaste monde n’est point aride, car le torrent coule en moi.
Les graviers roulent sous nos pas à en tomber un jour sur les nuages.
La montagne sait notre présence et nous livre sa magie.
Tempête de neige assaisonnée d’éclairs et de retentissants coup de tonnerre.
Nous nous hissons hors de la nuit pour atteindre notre sommet.
Six mille cinq cent mètres, nul ne connaîtra tel paysage pour dire son amour.
Le vent s’est emparé de mes mots, mais mes yeux ont tout dit.
Elle me sait, elle a dit oui!
Vous ais-je dit que je me sentais petit dans cet univers?
Ce n’était que pour déjouer le vent qui aime colporter nos propos vers les cimes attentives.
Mené par la passion, grisé par l’effort, animé par la complicité.
L’amour et l’amitié témoignent de l’éclatement de nos émotions.
Pour les avoir vécu intensément.
J’y ai compris que l’humain ne pouvait qu’être grand, à ne pas en croire ses limites.