Trois interprètes se trouvent dans trois villes différentes, réuni·es* par un dispositif de téléprésence. Iels se révèlent, se questionnent, discutent et débattent autour des questions de l’authenticité, du mensonge et de l’imaginaire. À travers la caméra, iels cherchent à démontrer leur honnêteté et leur intégrité. Mais peut-on être « vrai » tout en contrôlant son image à l’écran? Comment ne pas succomber à la tentation de transformer la réalité?
Bluff se déroule dans trois espaces géographiquement distants, mais temporellement simultanés. Les lieux investis sont interdépendants, mais portés par une même trame narrative. Les images captées dans l’un et projetées immédiatement dans les autres rendent ce lien palpable. Un dispositif technique permet la rencontre entre les trois protagonistes et entre les trois publics.
À l’instar de notre société, où les messages ne sont pas toujours émis directement à l’interlocuteur·ice et sont souvent brouillés par des stratégies et des intérêts particuliers, l’œuvre dévoile la lutte pour communiquer dans un monde surmédiatisé. Notre culture se construit sur les images-écrans, ce qui transforme inévitablement notre identité. L’univers virtuel devient un lieu où l’on peut fantasmer et créer notre idéal, mais peut aussi parfois nous faire perdre nos repères face à la réalité. Bluff met en lumière les contradictions de cet univers. Cette technologie qui transgresse les distances et permet les rencontres les plus improbables donne-t-elle accès à de véritables relations? L’image que nous projetons sur le web est-elle juste ou est-elle le reflet de notre égo? Et le public, préfère-t-il le lien direct avec l’interprète devant lui ou le fantasme qu’il peut voir à l’écran? Bluff soulève une réflexion profonde sur la construction de notre identité virtuelle et son influence sur la nature de nos relations.