Créée en 1984 par le Théâtre de Coppe, la pièce de théâtre La Grande Cadence, servira quatre ans plus tard de canevas à la première pièce produite par la troupe Les Zybrides. Avec la même thématique environnementale, elles créeront une pièce complètement nouvelle, Les Zombres de la Zone Z, qui aura un grand succès populaire.

De 1984 à 2022, presque 40 ans après la présentation de la pièce par le Théâtre de Coppe au Cabaret de la Dernière Chance, on ne peut pas dire que les questions environnementales ou que les conséquences d’une société qui évolue à un rythme effréné soient sur le point d’être résolues…

Synopsis de la pièce

Dame Nature accouche d’un petit être vert, vivace et innocent. Il survit en découvrant la nourriture et le feu. Un inventeur survient qui l’observe. Le voyant si avisé, il le persuade de souffler constamment sur le feu afin de lui procurer, à lui, l’énergie dont il a besoin pour ses découvertes. Il abuse tant du petit être que celui-ci perd de plus en plus de ses forces. L’inventeur invente le soufflet. Le petit être n’a qu’à actionner le soufflet pour obtenir la nourriture dont il a besoin. Devant tant d’énergie en puissance, l’inventeur invente la grosse machine à consommer. Le petit être travaille et consomme. Un jour, il se réveille insatisfait, il se révolte et fait la grève. L’inventeur forme un ingénieur qui améliore la machine et le sort du petit être ouvrier. Le petit être produit de plus en plus. La machine donne des lingots d’or qui enrichissent l’ingénieur, l’inventeur. Le petit être perd une main à l’ouvrage. Il continue de produire, de consommer. L’inventeur en demande de plus en plus. Tout marche au détriment de la Nature qui se dégénère, se transforme, se pollue. Le petit être attrape une toux persistante. L’inventeur invente une ogive nucléaire dont il ne sait que faire. Il essaie de la faire disparaître et finit par se sauver sur une autre planète à cheval sur l’ange de la mort.

La protection de l’environnement au coeur des préoccupations de la troupe

Initiateur d’un théâtre engagé et ancré dans la société, le Théâtre de Coppe traite de sujets forts dans le but d’éveiller les consciences des spectateurs, sans jamais toutefois endosser le rôle du moralisateur extérieur au problème. Parmi ses thèmes de prédilection, la protection de l’environnement trône en grand maître et tient particulièrement à coeur aux membres de la troupe. Particulièrement d’actualité avec l’activité minière de la région, La Grande Cadence est d’ailleurs née suite à la demande du Comité permanent sur l’environnement et met en évidence une problématique qui préoccupe grandement la population locale et régionale.

À travers La Grande Cadence, le Théâtre de Coppe fait une satire de la société. En créant un tableau qui résume l’évolution industrielle, il veut sensibiliser le spectateur au problème de la pollution de l’environnement, à sa spoliation et à la destruction de la nature par l’homme. Avide de vitesse et de rentabilité, la machine entraîne une série de problèmes que l’homme préfère camoufler qu’affronter. La nature réagit aux attaques répétées de l’homme qui la gruge et la détruit sans penser au lendemain. 

Si c’est la première pièce qui affirme le désir de la troupe de lutter pour l’environnement, c’est loin d’être la dernière. S’ensuivront plusieurs créations sur ce thème : l’organisation en 1985 des funérailles du Lac Osisko en collaboration avec le Théâtre des Masqué, la participation au film produit par l’Office national du film Les Polissons ou encore Les Zombres de la Zone Z en 1988.

Qualité visuelle et technicité avant-gardiste 

Au-delà du message politique, la pièce frappe par sa qualité visuelle. La conception et l’utilisation des décors qui concourent à la progression dramatique du discours sont vraiment frappants. Exemples, les pièces du décor (arbres, fruits, fleurs, roches en tissus et en mousse) passent dans une machine pour ne laisser ressortir que des structures en métal tordues ou la personnification de la nature qui est peu à peu dépouillée, sont des effets visuels qui contribuent à la compréhension des idées. Enfin, la pièce se veut avant-gardiste, notamment par le traitement musical et l’utilisation de plusieurs projecteurs à diapositives. 

Équipe de création

Texte : création collective du Théâtre de Coppe

Mise en scène : Diane Ouimet 

Production : Parallèle 48

Lieu : Cabaret de la Dernière Chance

Première représentation : 15 juin 1984

Interprétation

Roger Dumont

Bertrand Gagnon

Rachel Lortie 

Lise Pichette 


SOURCES

BAnQ Rouyn-Noranda, P265, fonds de la troupe de théâtre “Les Zybrides”

CRÉDITS PHOTO

François Ruph, BAnQ, Rouyn-Noranda, fonds de la troupe de théâtre « Les Zybrides » (P265)