Article rédigé par Lara Kanso dans le cadre de la création Ça sent l’autre.

 On entre dans Le Petit Théâtre de Rouyn, comme on entrerait dans un temple où l’on ne croit pas au mythe de Babel … parce que dans la création toutes les langues deviennent translucides.

Il y a l’extérieur et il y a l’ici, il y a le monde où les hommes sont étrangers, seuls, errants et il y a l’ici, il y a la cruauté, l’indifférence, la folie des métropoles, et il y a l’ici, dans toute sa tendresse, son dynamisme et sa fraternité.

 

C’est qu’au cœur du Petit Théâtre se trouvent l’Homme et la Terre.

Lara Kanso

 

 

Photo prise au cours de la résidence de création de novembre 2022 du projet Ça sent l'autre. Au Petit Théâtre du Vieux Noranda.
Photo prise au cours de la résidence de création de novembre 2022 du projet Ça sent l’autre. Crédit photo : Alex Alisich.

 

Je te vois toi d’abord, Rosalie Lacombe. Avec le sourire aux yeux, un cœur qui n’a peur de rien, et cette capacité à tout comprendre, à tout recevoir, à tout gérer. Et puis je te rencontre toi, Luca, l’être pluriel, dont la compassion et la sensibilité sont sans limites. Je ne sais comment vous faites pour relier avec autant de dextérité le passé au présent, la nudité du comédien avec la complexité des nouvelles technologies, l’héritage des Zybrides avec les voix venues d’ailleurs et regardant vers l’avenir, toutes ces identités mélangées qui semblent communiquer au-delà des mots et que réunit l’énergie de la création.

Et puis il y a eu pour moi ma rencontre avec la fougue de l’Espagne et ses histoires d’héroïsme et d’amour avec l’incroyable Marta Saenz, et ses pépites d’émerveillement dans la voix. Et le retour au calme et à la profondeur silencieuse avec Céline Lafontaine.

Le travail autour de notre création se fait, les yeux dans les yeux, dans la patience et la communion, un peu plus tous les jours. Et je me dis que c’est là la richesse infinie du théâtre, espace de rassemblement, de dialogue, et de partage. Le théâtre, c’est la vraie vie où de vrais corps, en chair et en sang, vont à la rencontre d’autres vrais corps, vibrent ensemble sur des sujets de la vie, sur l’amour, sur la mort, sur la complexité du désir, sur la beauté de la tendresse, sur l’impossible captation du bonheur, sur la souffrance des humains et des non-humains, sur la douleur des séparations, sur le sublime de l’évanescence, …

            C’est dans les rues de Rouyn-Noranda, dans sa librairie, dans chacune des salles de son Petit Théâtre que je me suis sentie chez moi. Une ville habituée au partage, au mélange, à la diversité, où l’étranger a toujours une place, est une ville qui s’oxygène constamment.

Elle est drôle cette image de l’oxygénation. Pourquoi j’y pense ? Peut-être parce que j’ai vu la fumée blanche de ses mines ?

 

 

Le Petit théâtre de Rouyn-Noranda ou l’anté-machine cannibaliste du capitalisme.

Lara Kanso

 

 

 


 

AUTeure INVITÉE : LARA KANSO

Lara est metteure en scène et dramaturge libanaise installée au Québec depuis 2020.Les intérêts artistiques de Lara en recherche-création tournent autour du concept de vide, de néo-documentaire (les porosités entre fiction et réalité), et des Nouveaux Matérialismes dans les arts vivants dont l’écologie au théâtre.

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